Publié le 12 février 2025, mis à jour le 3 mars 2025
Les PFAS font couler beaucoup d'encre et une loi pour les interdire a été votée récemment.
C'est le moment de faire un point :
Les PFAS sont des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées.
Le règlement 2025/40 en donne la définition suivante : Toute substance qui contient au moins un atome de carbone méthyle (CF3-) ou méthylène (-CF2-) entièrement fluoré (sans aucun atome H/Cl/Br/I qui y est lié), à l’exception des substances qui contiennent uniquement les éléments structurels suivants: CF3-X ou X-CF2-X′, lorsque X = -OR ou -NRR′ et X′ = méthyle (-CH3), méthylène (-CH2-), un groupe aromatique, un groupe carbonyle (-C(O)-), -OR′′, -SR′′ ou –NR′′R′′′; et lorsque R/R′/R′′/R′′′ est un hydrogène (-H), méthyle (-CH3), méthylène (-CH2-), un groupe aromatique ou un groupe carbonyle (-C(O)-).
Il en existerait des millions.
Il se répartissent en sous-goupe :
Sous-groupes | exemples | |
PFAS perfluorés | Acides perfluoroalkyles (PFAA) | Acide perfluorooctanoïque (PFOA, pour perfluorooctanoic acid) perfluorooctanesulfonate (SPFO, pour perfluorooctane sulfonate) Acide perfluorohexanesulfonique (PFHxS, pour perfluorohexane sulfonic acid) Acide perfluorobutanesulfonique (PFBS, pour perfluorobutane sulfonic acid) Acide perfluoroalkyl phosphonique (PFPA) Acide perfluorooctylphosphinique |
Acides perfluoroalkyléthers (PFEA) | Acide dimère d'oxyde d'hexafluoropropylène (GenX) Dérivé du Nafion 2 (NBP2) Acide perfluoro-2-méthoxyacétique (PFMOAA) | |
Perfluoroalcane sulfonamides (FASA) | Perfluorooctane sulfonamide (FOSA) | |
Fluorures de perfluoroalcane sulfonyle (PASF) | perfluorooctanesulfonamide (PFOSA) | |
Iodures de perfluoroalkyle (PFAI) | Iodure de perfluorohexyle (PFHxI) | |
Fluorures de perfluoroalcanoyle (PAF) | Fluorure de perfluorooctanoyle (POF) | |
Aldéhydes perfluoroalkyliques (PFAL) | Perfluorononal (PFNAL) | |
PFAS perfluorés, PFAS polymères | Polymères fluorés à chaîne latérale | Acrylate Méthacrylate |
PFAS polyfluorés | Composés fluorotélomères (FT) | polytétrafluoroéthylène (PTFE ou Teflon) Polyvinylidene fluoride (PVDF) |
Composés perfluoroalcane sulfonamido (Me/Et/Bu-FASA | ||
PFAS polymères | Les fluoropolymères |
Ces substances sont exploitées depuis les années 1940, principalement en raison de leur caractère amphiphile (elles sont miscibles dans l’eau et les graisses) et de leur très grande stabilité thermique et physicochimique.
Ces propriétés permettent aux PFAS de remplir plusieurs centaines de fonctions et applications, notamment comme agent lubrifiant, stabilisant, moussant, émulsifiant, dispersant et répulsif (antiadhésif, antitache, imperméabilisant).
Elles sont ainsi intégrées dans plusieurs produits commerciaux d’usage courant, dont les principaux sont présentés ci-dessous :
Source : https://www.inspq.qc.ca/pfas/definition-et-utilisation-fiche-technique
Leur extrême résistance a pour conséquence une absence de dégradation dans l’environnement où ils se déplacent pour couvrir de longues distance loin du lieu d’émission.
Ils sont donc classé comme polluants organiques persistants.
Ils contaminent les sols, l’eau de surface et souterraine et se retrouvent dans la chaine alimentaire.
Les PFOA sont classés comme cancérogènes pour l'homme (groupe 1) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) sur la base de preuves « suffisantes » de cancer chez l'animal et de preuves « solides » chez l'homme exposé.
Le CIRC a également classé les PFOS comme possiblement cancérogène pour l'homme (groupe 2b) sur la base de preuves « solides ».
Certains d’entre eux sont toxiques pour la reproduction.
D’autres études démontrent des effets sur le fertilité, la thyroïde et le système immunitaire.
La limitation de la mise sur le marché des PFAS progresse, mais compte tenu de leurs caractéristiques, la présence des PFAS dans l'environnement est à rechercher.
En tant que polluants organiques persistants, les PFAS relèvent de la convention de Stockholm dont les exigences sont rendues obligatoires dans l'Union par le règlement 2019/1021.
A ce titre les substances PFOS (sulfonate de perfluorooctane) et PFOA (acide perfluorooctanoïque) sont restreintes.
Le PFHxS a été introduit dans l’annexe du règlement 2019/1021 en 2023.
L’interdiction globale des PFAS dans la convention de Stockholm est envisagée.
Le règlement 2024/2462 introduit dans REACH des restrictions à l'utilisation de l'acide undécafluorohexanoïque (« PFHxA ») et des substances apparentées au PFHxA.
Ces sous-groupes de substances per- et polyfluoroalkylées (« PFAS ») sont très persistants et mobiles dans l’eau et leur utilisation dans certains produits présente un risque inacceptable pour la santé humaine et l’environnement.
La restriction interdira la vente et l'utilisation du PFHxA dans :
Cela n’affecte pas les autres applications du PFHxA, par exemple dans les semi-conducteurs, les batteries ou les piles à combustible pour l’hydrogène vert.
La restriction PFHxA entrera en vigueur après des périodes transitoires comprises entre 18 mois et 5 ans, selon l'utilisation, laissant le temps de le remplacer par des alternatives plus sûres.
Par ailleurs, 3 substances sont inscrites sur la "liste candidate" :
Pour les conséquences de l’inclusion d’une substance dans la liste candidate, Cf. https://www.hbqse.fr/articles/la-conformit%C3%A9-des-produits-%C3%A0-reach
Ces substances ont fait l'objet de campagne de recherche.
L’arrêté du 20 juin 2023 prévoit que les ICPE en autorisation susceptibles de rejeter des PFAS doivent rechercher ces substances dans leurs effluents.
Il fixe les substances à rechercher et les méthodes d’analyse.
La campagne est échelonnée en fonction de la disponibilité des laboratoires.
Les entreprise toutefois devaient lister avant le 28 septembre 2023 les substances PFAS utilisées, produites, traitées ou rejetées par son installation, ainsi que des substances PFAS produites par dégradation.
L’ Arrêté du 31 octobre 2024 prévoit une campagne de recherche des PFAS émises par les installations de traitement thermique de déchets.
Il fixe la liste des substances à rechercher et les modalités d’analyse.
Ces campagnes débouchent à terme sur la fixation de valeurs limite d’émissions.
Des PFAS ont été mesurés par Atmo Auvergne Rhône-Alpes dans l’air ambiant de Lyon.
La recherche des PFAS dans les eaux potables a été introduite par le directive 2020/2184, transposée dans l’arrêté du 11 janvier 2007.
Le nouveau règlement « contaminant » (règlement 2023/915) fixe des teneurs maximales de PFAS dans les viandes, les poissons, les crustacés, les mollusques bivalves et les œufs.
La loi n° 2025-188 du 27 février 2025 interdit :
- à compter du 1° janvier 2026
- la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de :
La loi n° 2025-188 du 27 février 2025 interdit :
- compter du 1er janvier 2030
- la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de
La loi n° 2025-188 du 27 février 2025 prévoit :
- un contrôle renforcé des eaux dans les zones où des PFAS ont été émis,
- une dépollution de ces zones,
- un objectif d'interdiction de tout rejet de PFAS d'ici 5 ans,
- l'assujettissement des rejets de PFAS par des ICPE en autorisation à la redevance pour la pollution de l'eau à hauteur de 100 €/ 100 g (la liste des substances soumises sera fixée par décret.
On ne peut que regretter la lenteur de réaction des autorités à réguler ces substances. La loi n'interdit pas les PFAS dans les ustensiles de cuisine notamment.
POP, elles resteront encore longtemps dans l’environnement.
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